mercredi 1 aout 2001, 23h05
Des écologistes bloquent les déchets nucléaires allemands
STRASBOURG (Reuters) - Une quinzaine de manifestants antinucléaires ont contraint un train allemand transportant des déchets nucléaires à stopper quelques dizaines de minutes, mercredi vers 20h00 locales en gare de Bischeim (Bas-Rhin), près de Strasbourg.
Photo prise le 1er août 2001 /Vincent Kessler REUTERS
Selon une journaliste de Reuters présente sur place, plusieurs protestataires se sont enchaînés aux rails.
Le convoi de douze "castors" contenant les déchets nucléaires destiné aux usines de retraitement de La Hague (Manche) et Sellafield (Angleterre) est resté bloqué près d'une demi-heure, le temps pour les forces de l'ordre de déloger cinq manifestants qui s'étaient enchaînés sur la voie ferrée, dont deux attachés l'un à l'autre par un système de tuyaux de part et d'autre d'un rail.
Organisée par le réseau "Sortir du nucléaire" et le mouvement B.A.N.A.N (Brigade Anarchiste Antinucléaire) et soutenue par des militants allemands, cette opération est la première à avoir réussi à immobiliser semblable convoi en Alsace.
Rapidement repérés par l'hélicoptère de la gendarmerie qui escortait le train, les militants ont juste eu le temps de mettre en oeuvre les techniques de désobéissance civile non-violente acquises deux mois plus tôt au cours d'un stage et de déplier quelques banderoles affirmant "Non au tourisme nucléaire !".
Encouragés par des habitants des quartiers HLM voisins, une partie manifestants se sont heurtés à un dispositif de sécurité d'une soixantaine de CRS pendant que d'autres représentants des forces de l'ordre dégageaient les bras de Gilbert Poirot, un militant de "Sortir du nucléaire" et de son ami allemand du "tuyau" à l'aide d'une scie circulaire.
L'interpellation des deux hommes a donné lieu à un attroupement réclamant leur libération devant le commissariat. Surpris par la violence des échauffourées, les
riverains présents sur le quai au moment de l'opération ont hué le passage du convoi à son départ de la gare.
"C'est déplorable que le droit de manifester n'existe plus dès qu'il s'agit de trains nucléaires", s'indigne Karim, 21 ans. "Cela ne se passe pas de la même manière quand c'est une grève de la SNCF".
Ces convois radioactifs sont prévus jusqu'en 2005 au terme du plan de sortie du nucléaire décidé par l'Allemagne.
Auparavant, Greenpeace avait annoncé son intention de manifester sur le trajet du convoi de déchets nucléaires allemands, le plus important jamais organisé. Dans un communiqué, l'association écologiste a précisé qu'elle "sera présente sur le parcours du convoi, pour dénoncer le trafic de déchets nucléaires qui atteint, avec ce transport sans précédent, des proportions records".
D'autres manifestations et actions de blocage sont également prévues par différentes organisations tout au long du trajet, précise l'organisation.
Mardi, les Verts français s'étaient élevés contre ce nouveau transport par voie ferrée de combustibles nucléaires.
"Cette nuit, c'est pratiquement l'équivalent d'un réacteur nucléaire qui va sillonner le nord de la France. Rarement autant de radioactivité a été mise sur les voies", a déclaré Frédéric Marillier, chargé des questions nucléaires à Greenpeace France.
Six convois ont déjà quitté l'Allemagne pour La Hague ou Sellafield depuis la reprise des transports le 26 mars, après trois ans d'interruption liée à des suspicions sur la sécurité de ces voyages.
Dans l'est de la France, le convoi de mercredi soir devrait en principe se séparer pour suivre deux itinéraires: trois "châteaux" se dirigeront vers Dunkerque, avant de poursuivre leur route vers Sellafield. Les neuf autres rejoindront le terminal ferroviaire de la Cogema à Valognes, dans la Manche, précise Greenpeace.